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CANNES 2025

Le CNC met en place des mesures contre le harcèlement sexuel dans le milieu du cinéma

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- CANNES 2025 : Face au nombre de cas de harcèlement sexiste et sexuel relevés dans le milieu de l'audiovisuel français, une série d'obligations ont été mises en place

Le CNC met en place des mesures contre le harcèlement sexuel dans le milieu du cinéma
Le président du CNC Gaëtan Bruel lors du débat

Quelques heures avant le début du Festival de Cannes, on a appris qu'un verdict avait été rendu dans le procès de l'acteur français Gérard Depardieu pour deux agressions sexuelles : 18 mois de prison avec sursis. Son cas a certainement été un des plus médiatisés de ces dernières années, et une certaine déception quant au dénouement du procès n’est pas surprenante. Une table ronde organisée par le CNC pendant le festival a donné quelques pistes pour mieux comprendre pourquoi le traitement judiciaire de ce genre de plaintes est aussi laborieux.

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En guise d'introduction, le directeur du CNC, Gaëtan Bruel, a prononcé un discours chargé d’émotion : "Le secteur culturel devrait montrer l'exemple. La culture est le vecteur de l'identité et elle a le pouvoir de relier les gens et de réconforter l'âme. Et pourtant, cet environnement est un lieu de menace pour de nombreuses personnes". En ce qui concerne le CNC, il a annoncé une politique de tolérance zéro et un catalogue de mesures de prévention : "Nous devons agir rapidement. Il s'agit d'une situation catastrophique que personne ne peut plus ignorer. Nous risquons de perdre toute crédibilité auprès de notre public".

Un court discours de Frédéric Olivennes, le directeur d’Audiens, groupe de protection sociale français à but non lucratif, spécialisé dans le secteur de la culture, de la communication et des médias, a permis de prendre la mesure des implications de la situation : "En 2024, nous avons reçu plus de 1800 requêtes, plus de 600 appels et offerts 50 % d’assistance psychologique en plus par rapport à l’année précédente. Nous avons installé une ligne téléphonique et faisons un travail de lobbying pour rallier le plus d'institutions sociales et politiques possible à notre cause". L’objectif est de créer un environnement où les victimes peuvent non seulement être entendues, mais aussi recevoir un soutien psychologique, financier et judiciaire. Les mesures légales peuvent prendre très longtemps pour être mises en place et porter leurs fruits. En attendant, les victimes font face à des épreuves considérables. Une personne du public a confié courageusement qu'elle avait été victime d’une agression, mais que son agresseur continue de travailler et d’exercer son pouvoir pendant que tout le monde attend le début du procès.

Les enquêtes officielles menées ces cinq dernières années par l’Assemblée nationale et sa commission d’enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité montre que le secteur de la culture comporte beaucoup de risques en termes de sexisme et de harcèlement sexuel. Le parlementaire Erwan Balanant, de la commission d'enquête, est intervenu. Pour lui, il s'agit avant toute chose d’avoir des chiffres clairs : "C'est effrayant de voir les statistiques et les cas, mais ils ont un impact fort et montrent qu'il est urgent d'agir". Il a beaucoup travaillé à recueillir des témoignages, ces dernières années. Il y a d'abord une première audition, où les gens sont très vulnérables. C’est que la "machine à détruire les talents" se met déjà en marche. "Tant de carrières ont été détruites, comme celle de Sara Forestier, qui a gagné deux César en 2017, ou d'Adèle Haenel, qui revient peu à peu". Balanant voit une contradiction fondamentale entre le fait que le cinéma est un monde qui produit des choses fabuleuses, un monde dont on attend de l’empathie et de la bienveillance, et le fait qu’il brise l’intégrité de ses membres.

La commission a publié un rapport de 300 pages, à partir duquel un catalogue de réglementations devra suivre au niveau parlementaire, permettant la prévention et, si nécessaire, des actions en justice. En collaboration avec le CNC, une sélection de mesures sont déjà en place. Par exemple, toutes les productions sont tenues d'employer un coordinateur ou une coordinatrice de l'intimité, et tous les membres d'une production cinématographique sont désormais tenus de suivre une formation spécifique sur le comportement approprié à adopter face au harcèlement sexiste et sexuel. Cette formation se passe en deux temps : d'abord en ligne, puis in situ avec tous les membres de l’équipe. Quelques producteurs présents dans l'assistance ont dit qu’ils étaient dans l’ensemble favorables à ces mesures, mais ils ont fait valoir la difficulté de réunir tous les membres d'une équipe de film au même moment pour un tel atelier, car les calendriers des productions diffèrent souvent d'un département à l'autre. D'autres ont également souligné que ces obligations augmentaient les coûts de production.

Il est clairement apparu qu'il y avait encore des défis à relever pour mettre en place un système plus fluide dans ce domaine, mais l'engagement du CNC, des représentants politiques présents (y compris Aurore Bergé, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations, qui a cité Agnès Varda à plusieurs reprises) et du Festival de Cannes à travers sa première présidente, Iris Knobloch, a produit un bel effet. On ne peut qu'espérer que ces mesures auront plus qu'une simple force symbolique.

(Traduit de l'anglais)

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