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Cannes 2025

Dossier industrie: Politique européenne

Le CNC confirme l'engagement de la France à soutenir la diversité culturelle

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CANNES 2025 : Vingt ans après sa rédaction, la convention de l'UNESCO reste un instrument fondamental pour protéger la diversité des expressions culturelles

Le CNC confirme l'engagement de la France à soutenir la diversité culturelle
Un moment du débat

Au Festival de Cannes, le CNC a consacré une table ronde à un traité fondateur : la convention de l'UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, adoptée en 2005. Pour organiser cette discussion, le CNC s’est associé à la FSACD-Société des auteurs et compositeurs dramatiques et c'est son directeur général, Rascal Rogard, qui a modéré la conversation, divisée en deux sections principales.

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Dans son discours d'introduction, le nouveau directeur du CNC, Gaëtan Bruel, a brossé un tableau de la situation actuelle, à savoir souligné la domination écrasante des États-Unis dans le secteur de la culture : "La diversité culturelle est une chose qu’il ne faut pas tenir pour un acquis. Elle a besoin d’être maintenue et protégée. Elle est précieuse et fragile, et menacée". Afin de souligner l’absurdité des déclarations récentes du président Trump par rapport à une soi-disant menace de l’extérieur pour le marché américain, Bruel a indiqué qu'aujourd’hui, les films européens représentent 1 % du marché américain, alors que les films américains représentent 60 % du marché européen. La conversation avait pour intervenant de marque le grand cinéaste français Costa-Gavras, qui a fait part de son engagement pour un cinéma européen fort et lancé un appel à la solidarité : "Nous entrons dans une nouvelle phase de lutte, et le monde du cinéma doit être uni". 

À l’occasion du 20e anniversaire de la convention de l'UNESCO, les intervenants sont revenus sur la genèse du traité, signé par 158 pays à ce jour, et l’Union européenne en tant qu’entité politique additionnelle. L’ancien ambassadeur et délégué permanent de la France auprès de l'UNESCO Jean Musitelli a rappelé que la France avait joué un rôle décisif dans la mise en place de cette convention. Les efforts protectionnistes et impérialistes du président américain Donald Trump aujourd'hui renvoient à la période qui a suivi la Guerre froide, qui a vu l’Europe soumise, de la part des États-Unis, à une offensive culturelle et économique similaire. Lobjectif était d’utiliser la culture comme soft power pour attirer d'autres pays et les convaincre d'adhérer à différents traités dont le bénéfice reviendrait avant tout aux États-Unis. En France, c'était l’ère Mitterrand, et il a déclaré que les "créations de l’esprit" ne devaient pas être considérées comme des marchandises. L’expression culturelle devait pour lui être protégée et non négociée comme si c'était matière à accord commercial. C'était une réaction directe à l'hégémonie croissante des États-Unis et à l'exportation en masse de ses biens culturels. La part de marché du cinéma américain grossissait exponentiellement et la France voulait protéger ses produits culturels. C'est à ce moment qu'est né le concept d’"exception culturelle", qui a été intégré dans les négociations du GATT en 1993. L’accomplissement le plus important de cette convention a été la confirmation que les produits culturels ont une double nature, qu'ils ont une valeur et un sens et pas seulement une valeur commerciale. Le résultat de la convention que tous les pays ont le droit de prendre des mesures pour protéger leur diversité culturelle et surtout, qu'aucun traité, passé ou futur, ne peut prévaloir sur la souveraineté de la diversité culturelle telle que définie par la convention de l'UNESCO.

Quatre autres intervenants ont rejoint la deuxième partie de la conversation. L’un deux était Chris Marcich, président de l'EFAD (European Film Agency Directors) et directeur du fonds national pour le cinéma croate. En tant qu'il connaît intimement les entreprises américaines et leurs ambitions en termes d’investissements, ayant travaillé de nombreuses années comme consultant pour plusieurs d’entre elles, Marcich a confirmé que l’agressivité de la politique de Trump est bel et bien une menace : "Selon la convention, qu’ils ont aussi signée, les États-Unis n’ont pas le droit de mettre en place des mesures protectionnistes, mais ils s’en fichent royalement". Cependant, compte tenu de la reconnaissance internationale dont bénéficie la convention, il reste optimiste sur le fait que la grande majorité des pays signataires vont continuer de respecter vérifier et protéger les valeurs fondamentales qu'elle défend.

La députée européenne française Laurence Farreng a exprimé son adhésion à cet engagement. "C’est pour l'Europe de resserrer de nouveau nos liens", a-t-elle déclaré, consciente néanmoins que ce ne serait pas une tâche facile, considérant les différents développements et changements politiques qui sont survenus dans des pays comme la Pologne, la Roumanie ou la Hongrie. Farreng a aussi le sentiment que la présidente de l’Union européenne Ursula von der Leyen a manqué des occasions de souligner l’importance de la culture dans les déclarations qu'elles a faites jusqu'ici. Elle peut en tout cas compter sur le soutien de Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la Commission européenne à la Prospérité et à la Stratégie industrielle, qui était également présent à la discussion à Cannes. "Pour le moment, il n’y a qu’un seul programme de l’UE qui soutienne spécifiquement le domaine culturel, mais Europe créative ne représente que 0,2% du budget de l’Europe. C’est très peu, compte tenu de la richesse de la diversité culturelle européenne".

(Traduit de l'anglais)

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